Jour 10 : quand il n’y en a plus, il y en a encore

L’activité commença dès 5h sur le bivouac avancé constitué par ce groupe particulier de trophystes – les lève tôt et accélère fort – qui avaient atteint le kilomètre 230 à la tombée de la nuit. Leur sommeil résistant aux bruits de moteur usés de ceux qui partaient en espérant parcourir les 374km qui les séparaient de Marrakech avant midi, nos sciences-pistes ne purent rester blottis dans les bras de Morphée lorsque la 4L garée tout près de leur tente démarra dans un bruit de tonnerre. Levés à 6h, ils se mirent donc en chemin.

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Le soleil se leva dans leur dos, sa lumière dorée les rattrapant jusqu’à illuminer la fin de piste devant eux. Passés sous l’arche de contrôle, ils firent vérifier le choc de la veille par des mécaniciens mal réveillés qui les assurèrent que seul le châssis était tordu, et que ni le bruit de succion qui se faisait entendre en appuyant sur la pédale d’embrayage, ni le fait qu’il faille désormais tirer en deux fois le levier de vitesse pour passer la seconde n’étaient anormaux. Faisant semblant d’être rassurés, ils partirent et continuèrent jusqu’à Ouarzazate, où installés à la terrasse d’une laiterie ils savourèrent un petit déjeuner bien mérité. Ils avaient pour voisin un marchand qui par une habileté qui reste encore un mystère parvint à les amener dans son magasin où il leur montra sa quincaillerie.

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Ils continuèrent alors et passèrent au delà de montagnes peu élevées mais suffisamment sinueuse pour que Joachim décidât de fermer les yeux et de dormir pour ne pas voir la 4L négocier les virages. Ils roulèrent ainsi jusqu’à midi, où une route en lacet serpentant vers le sommet se trouva tout à coup encombrée d’une file interminable de 4L. Cela était du à une collision entre une 4L et un taxi marocain, grand chauffard devant l’éternel. Nos renards patientèrent donc une demi-heure au soleil, en prenant l’apéro sur l’asphalte. Cependant, la chaleur devenait peu à peu suffocante et un début de piste sur le côté faisait de l’œil à Joachim qui vivait mal de devoir partager la chaussée et limiter sa vitesse depuis son retour sur route. Discutant rapidement avec un postier marocain pressé, il décida de couper par le désert pour éviter les embouteillages et suivit son guide improvisé. Malgré le poids et la taille de son véhicule, le postier fonçait comme un bolide sur la piste défoncée et la 4L eut du mal à le suivre. Cependant, la sensation de liberté absolue de mener sa voiture selon son humeur en entendant les pneus crisser sur les pierres et ces mêmes pierres taper contre le châssis était bien au rendez-vous, une fois de plus. S’enfonçant loin dans le désert, nos sciences-pistes commençaient pourtant à se montrer moins optimistes concernant cet itinéraire improvisé lorsqu’ils aperçurent un petit village niché dans le creux d’un vallon irrigué par un cours d’eau. Se fiant à ce signe encourageant, ils continuèrent avec difficulté à suivre le facteur et atterrirent finalement sur une petite route qui rejoignait la grande après l’embouteillage.

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Une centaine de kilomètres plus loin, l’étape de montagne attendait nos grimpeurs avec notamment le col de Tichka à franchir, réputé le plus dangereux d’Afrique à plus de 2260 mètres. La montée fut particulièrement rude pour la 4L à la boîte de vitesse ensablée et au carburateur encrassé, d’autant qu’il fallait faire attention aux camions de toutes sortes qui doublaient en klaxonnant, comme s’ils disposaient d’une priorité officielle. La descente s’avéra tout aussi exigeante pour les nerfs, avec des virages en épingle à cheveux et une absence quasi systématique de rambarde de sécurité. Ou alors celles qui tenaient debout restaient trouées par les gens qui les avaient traversées, sans que quiconque songeât à les réparer pour qu’elles remplissent leur usage. La montée et descente ayant constitué quasiment 80km de montagne, le réservoir fut bientôt vide et c’est quasiment en roue libre que la 4L attint miraculeusement une station service à l’entrée du village.

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Une fois le plein fait, la route se poursuivit jusqu’à Marrakech, où les ânes, mobylettes et vélos cédèrent la place à une multitude de voitures de luxe, et à des villas entourées de remparts longés par des palmiers. La circulation chaotique se résumait en quelques mots : la loi du plus fort. Le 4×4 qui s’avance pleins phares sur un rond-point avec d’énormes pare-buffles chromés a toujours la priorité. Ayant trouvé l’hôtel, le luxe déployé dans ce 4 étoiles impressionna nos renards, qui s’installèrent plein de sable dans leur suite. Chacun vaquât alors aux occupations qui leur avaient le plus manqué, Emilie prenant un soin complet des cheveux et du corps et Joachim partant courir une bonne heure et demie dans Marrakech, repérant les lieux pour la visite du lendemain. L’appétit creusé par ces activités diversement épanouissantes, l’abondance du buffet royal qui leur était réservé acheva de marquer la fin des privations désertiques.

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